Montfort-sur-Meu (35)
5- Brocéliande géologique ou la couleur d'une ville :
Le circuit géologique pédestre de Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine)
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Aux portes de Brocéliande, la ville de Montfort-sur-Meu est, du point de vue géologique, implantée à la fois sur le bassin rennais au sous-sol essentiellement schisteux et sur les premiers contreforts du massif de Paimpont aux roches plus variées (conglomérats, schistes et grès).
Il y a une dizaine d'années, dans le cadre de ses propositions d'activités nature, l'Ecomusée du Pays de Montfort, scientifiquement conseillé par Jean Plaine, conservateur à Géosciences Rennes du Musée de géologie de l'Université de Rennes1, a tracé un circuit géologique pédestre qui s'inscrit sur ces deux domaines.
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Sur une boucle d'environ 12 kilomètres, empruntant des sentiers de randonnée(GR de pays, et PR) accessibles en toutes saisons, il permet une bonne approche des diverses roches sédimentaires qui font les couleurs des paysages de Bretagne centrale, roches vertes, roches violacées, et roches beiges à blanchâtres. |
Le circuit trouve son départ au pied de la tour du Papegaut, siège de l'Ecomusée du Pays de Montfort où chacun pourra se procurer la brochure qui décrit en détail le parcours, situe les arrêts, donne les différentes observations qui y sont possibles et aborde quelques notions de base en matière de géologie.
Il est balisé de traits verts, chaque arrêt étant indiqué par un numéro également inscrit en vert sur un support (arbre, poteau).
Les premiers temps du parcours se font par les rues de Montfort (rues de la Saulnerie, des Douves,…) au long desquelles les constructions anciennes à la belle architecture de pierre permettent d'observer toute la gamme d'utilisation du "poudingue de Montfort" véritable célébrité locale. Il continue par la rue des Grippeaux qui traverse des lotissements plus récents.
Arrêt n°1- Les Grippeaux
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Ancienne ardoisière située dans le bosquet visible de la route après la ferme des Grippeaux dont on peut admirer l'architecture. Cette exploitation est ouverte dans les sédiments les plus anciens de la région, caractéristiques du sous-sol des bassins de Rennes et de Ploërmel, que les géologues armoricains placent dans le Briovérien, sans autre précision d'âge (Protérozoïque supérieur et (ou) Cambrien ?) Ce sont ici des schistes à couleur verte dominante. |
Arrêt n°2- La Roche
Bâtiments partiellement rénovés, implantés sur les schistes briovériens qui affleurent devant la maison. La construction est représentative de l'architecture que l'on trouve au nord de Montfort avec base du mur constituée de schistes et poudingues rouges et partie supérieure en terre, alors qu'au sud de Montfort c'est la construction en pierre qui domine.
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Le parcours s'élève et pénètre dans le Bois du Buisson.
Arrêt n°3- Bois du Buisson
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Ancienne excavation très dégradée dans les sédiments briovériens, ici des schistes et des niveaux plus gréseux. La stratification est difficilement identifiable, le débit principal de la roche, comme celui qui a permis la confection d'ardoises aux Grippeaux, correspondant à la schistosité régionale née des déformations du Massif armoricain à la fin de l'ère primaire au Carbonifère (événements varisques). |
Le chemin suit la lisière du bois et atteint le ruisseau des Fonds-Chauds qu'il remonte.
Arrêt n°4- Ruisseau des Fonds-Chauds
Petits affleurements de grès briovériens recristallisés (quartzites) dans le sous-bois sur la gauche.
Arrêt n°5- Ruisseau des Fonds-Chauds
Puissants niveaux de conglomérat couleur lie de vin, le fameux poudingue de Montfort, affleurant dans le bois des deux cotés du ruisseau et excavations qui offrent de belles surfaces de bancs inclinées à environ 45° vers le sud. Ici le conglomérat polygénique est particulièrement riche en éléments de quartz blanc anguleux à arrondis qui donnent tout l'intérêt chromatique à la roche.
Ces sédiments d'origine continentale (cônes alluviaux ou cônes deltaïques) sont placés dans l'Ordovicien (âge autour de 470 millions d'années). Ils surmontent les sédiments briovériens, le contact entre les deux ensembles n'étant pas visible.
Dans l'excavation la plus au sud la granulométrie de la roche diminue et l'on se trouve devant des grès plus ou moins grossiers.
Arrêt n°6- Haut du bois du Buisson
Au milieu du chemin affleurent des sédiments de même teinte lie de vin que le conglomérat observé plus bas mais ici le quartz a disparu, la roche a un grain plus fin; il s'agit des "schistes rouges de Pont-Réan" caractéristiques des paysages de landes que l'on trouve classiquement au sud de Rennes et en périphérie de Brocéliande. Ils ont un âge autour de 465 millions d'années (Ordovicien). |
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Le parcours se poursuit ensuite, depuis la Chevauchais et jusqu'à l'Anière, dans un paysage plus largement ouvert, cultivé, sans grande aspérité, signe que la géologie a peu à peu abandonné les schistes rouges pour entrer dans une nouvelle formation qui affleure peu. C'est le Grès armoricain que l'on peut reconnaître dans les blocs à la surface des champs et à l'arrêt suivant.
Arrêt n°7- Bois de l'Abbaye
Juste après le ruisseau de l'Anragot et à proximité de la route menant à Monterfil, de petites excavations permettent d'observer la troisième formation sédimentaire caractéristique du Massif de Paimpont, celle qui couronne la topographie régionale.
Il s'agit de la Formation du Grès armoricain, formation gréseuse à la couleur beige à ocre dominante, souvent érodée en blocs et en sables qui offrent des sols propices à l'installation de la forêt de feuillus.
On peut reconnaître la stratification proche de l'horizontale et quelques traces fossiles (terriers en forme de tubes verticaux).
Ces sédiments correspondent à des sables marins littoraux consolidés (sables de plages). Ils sont placés dans l'Ordovicien, leur âge étant un peu plus jeune que les schistes rouges sous-jacents (465-460 millions d'années).
Le circuit longe ensuite le bois de Saint-Lazare pour descendre vers la Penlaine de Saint-Lazare où les schistes rouges affleurent à nouveau, emprunte une petite vallée pour rejoindre la butte de la Harelle.
Arrêt n°8- Sud de la Butte de la Harelle
Après quelques affleurements au long du chemin, on trouve une petite excavation dans les schistes rouges de Pont-Réan. Elle montre la stratification en couches pluridécimétriques homogènes, peu inclinées vers le sud, recoupées par un débit vertical qui correspond à la schistosité régionale. Ces sédiments, vraisemblablement marins, sont très pauvres en fossiles, hormis quelques terriers d'organismes inconnus.
Le sentier aborde franchement la Butte de la Harelle en haut de laquelle affleurent à nouveau les schistes rouges de Pont-Réan. Il emprunte ensuite une allée qui part à l'ouest vers la Heurtebise puis descend le versant nord de la butte et rejoint la vallée du Meu.
Après quelques centaines de mètres sur la route vers Montfort il rejoint les bâtiments de la Harelle.
Arrêt n°9- Carrière de la Harelle
Cette grande carrière aujourd'hui abandonnée et receptacle de déchets inertes est ouverte à la fois dans les schistes rouges et dans le Poudingue de Montfort dont c'est la localité-type (endroit où il a été défini sur le plan scientifique).
Cette exploitation a alimenté en moellons bon nombre des constructions de la ville de Montfort qui seront vues en fin de circuit.
Quelques minéralisations d'oxyde de fer ont été décelées.
Le circuit entre dans Montfort, oblique dans les lotissements pour rejoindre la rue Paul Féval et la route de Monterfil.
Arrêt n°10- Rue Paul Féval
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Au pied d'un pylône affleurent les schistes de Pont-Réan en bancs pluridécimétriques à pendage d'environ 35° vers le sud. |
Le circuit se dirige ensuite vers les beaux bâtiments de la Pinelais et rejoint les hauteurs de la Croix-Huchard où une zone de jeux pour enfants a été aménagée avec goût sur le poudingue de Montfort, juste au dessus de récents lotissements.
Variante
Il est possible de prendre le chemin de la Croix-Huchard vers le Rocher de Coulon pour trouver, sur la gauche, une petite excavation dans le poudingue de Montfort (arrêt A) et en revenant et redescendant sur la D 72 un affleurement de schistes briovériens (arrêt B).
Le circuit descend ensuite par le Chemin de la Pinelais qui permet le retour vers Montfort-sur-Meu.
Arrêt n°11- Chemin de la Pinelais
Au départ de ce beau chemin creux, derrière la Pinelais, sur le coté gauche, affleure le poudingue de Montfort et sur le coté droit, dans les fondations du bâtiment, ce sont les schistes rouges avec un banc gréseux.
Un peu plus bas dans la descente réapparaissent les sédiments briovériens très largement altérés.
De retour vers le centre de Montfort et à l'approche du rond-point de route de St-Péran - Plélan, sont visibles les schistes briovériens.
La fin du parcours pour rejoindre l'Ecomusée permet, à nouveau, de retrouver la singularité de couleur du bâti de la ville et d'appréhender les modes d'utilisation de la pierre dont l'origine s'est dévoilée tout au long de ce circuit géologique.
Texte et clichés: J.Plaine, Mai 2003
Documents utiles
- Circuit géologique pédestre de Montfort-sur-Meu, Ecomusée du Pays de Montfort éditeur.
- Carte géologique de France à 1/50 000ème, feuille Montfort-sur-Meu n°316, BRGM éditeur.
- Topoguide de randonnée: Brocéliande à pied, FFRP éditeur.